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Le Temps du Rêve, également connu sous le nom de Rêve, est au cœur de la culture aborigène

Le Temps du rêve est un cadre métaphysique complexe dans lequel les peuples autochtones comprennent leur place dans l'univers, leurs relations avec leurs proches et leurs liens avec la terre. Il offre une interprétation unique de la réalité, où les domaines temporel, spirituel et naturel sont étroitement interconnectés et où la vie est considérée comme une partie harmonieuse de cet ordre cosmique plus vaste.

Image ci-dessus : « Le serpent arc-en-ciel », Goobalathaldin Dick Roughsey



À propos de l'art aborigène

Histoire de l'art aborigène Symboles de l'art aborigène Qu'est-ce que le rêve ? Origines de la peinture par points Art aborigène Régions Artistes célèbres Présentation de l'art aborigène

L'art aborigène éthique

Qu'est-ce que l'art aborigène éthique? Que sont les centres d'art aborigène? Qu'est-ce que l'authenticité de l'art aborigène? Qu'est-ce que le Code de l'art autochtone?

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Préface

Il est important de préciser dès le départ que les termes « Rêve » ou « Temps du rêve » sont des traductions européennes et que d’autres mots auraient pu être utilisés. Des mots comme éternel et chaque fois, par exemple, ont été suggérés, mais ils ne résument pas non plus parfaitement le concept original tel qu’il est exprimé dans les langues aborigènes. Par exemple, le peuple Warlpiri utilise le terme « Jukurrpa » pour décrire cette dimension spirituelle. L’utilisation des termes « Rêve » ou « Temps du rêve » découle principalement des interprétations des premiers anthropologues, offrant une perspective simplifiée sur un concept culturel complexe et profondément enraciné. Ainsi, un élément clé à garder à l’esprit lors de la lecture est que le Rêve ou le Temps du rêve ne se rapporte pas à l’irréalité ou aux rêves.

Pour comprendre le concept du Temps du Rêve aborigène, il faut vraiment adopter une approche qui dépasse les interprétations littérales et la pensée conventionnelle. Pour mettre les choses en perspective, il suffit de considérer l’immensité de notre univers : un espace incroyablement colossal, composé d’environ 2 000 milliards de galaxies, chacune remplie de centaines de milliards d’étoiles, de planètes et de mystères encore inconnus. Notre Terre, bien qu’elle soit importante pour nous, n’est qu’un point dans cette toile cosmique infinie.

Cette vision élargie de l'univers fait écho à des parallèles intrigants avec le Dreamtime aborigène, une réalité spirituelle qui constitue le fondement de l'identité et de la conscience aborigènes. Comme pour l'univers, le Dreamtime ne se limite pas à un point de référence singulier et linéaire. C'est une dimension holistique et englobante qui relie le passé, le présent et l'avenir dans un continuum d'existence et d'expérience.

Comme le dit magnifiquement le philosophe spirituel Eckhart Tolle : « Vous n’êtes pas DANS l’univers, vous ÊTES l’univers, vous en êtes une partie intrinsèque. En fin de compte, vous n’êtes pas une personne, mais un point focal où l’univers prend conscience de lui-même. Quel miracle incroyable. »

Et tout comme notre existence est intimement liée à l’univers, devenant un point de conscience dans son immensité, le Temps du Rêve est inextricablement lié à l’identité et à la conscience culturelle aborigènes. Il constitue le cœur de l’existence aborigène, une symphonie cosmique dans laquelle chaque note, chaque rythme est interconnecté.

Pour comprendre les histoires du Rêve et du Temps du Rêve et leur expression dans l'art aborigène, il est essentiel de garder à l'esprit cette perspective holistique. Nous voulons que vous alliez au-delà de la surface et des idées reçues et que vous vous plongez plus profondément dans les couches spirituelles, culturelles et cosmiques du Temps du Rêve aborigène avec un esprit ouvert.

Après avoir abordé les informations générales, veuillez trouver ci-dessous des détails spécifiques concernant :

  1. Histoire du temps du rêve du serpent arc-en-ciel
  2. L'histoire du rêve des Sept Sœurs
  3. L'histoire du temps du rêve de Wandjina
  4. Contes du temps des rêves sur l'eau

Le Temps du Rêve

Le Temps du rêve imprègne tous les aspects de la culture aborigène, soutenant l’ordre social, spirituel et moral de la vie aborigène. Il comble le fossé temporel entre le passé, le présent et le futur, formant un continuum cyclique où les esprits ancestraux et leurs incarnations terrestres coexistent. Cette section explore l’essence spirituelle du Temps du rêve, sa manifestation dans le monde physique et les codes moraux qu’il renferme.

Le Temps du Rêve est aussi un royaume où errent les Êtres ancestraux. Ces entités spirituelles, souvent incarnées par des animaux ou des éléments naturels, sont reconnues pour avoir créé le monde et ses habitants à l'époque de la création. Chaque groupe aborigène possède son propre panthéon d'Êtres ancestraux et d'histoires de création, associés à des lieux géographiques spécifiques au sein de leurs terres traditionnelles. Les chemins parcourus par ces Êtres ancestraux à travers le pays, souvent appelés « Songlines », « Dreaming Tracks » ou « Dreaming Paths », forment un réseau complexe de routes reliant des sites importants ou « sites sacrés » à travers l'Australie.

Outre ses dimensions spirituelles et narratives, le Temps du rêve comprend également un code moral complet qui guide le mode de vie des aborigènes. Il établit les lois de la conduite sociale, les responsabilités envers les proches, le respect des aînés, la gestion de la terre et les protocoles de partage et de transmission des connaissances. Le Temps du rêve constitue donc la base de l'ordre et de la loi aborigènes, offrant des lignes directrices éthiques et morales qui maintiennent l'harmonie sociale et le respect mutuel au sein de la communauté.

Le Temps du rêve est en substance l’élément vital de la culture aborigène, lui conférant une riche spiritualité, un lien profond avec la terre et un cadre moral solide. Il procure aux aborigènes un profond sentiment d’identité et d’appartenance, les rattachant à leurs ancêtres, à leur pays et à leur héritage spirituel. Ce système de croyances spirituelles profondément ancrées demeure un élément essentiel de la culture aborigène, favorisant la résilience et l’unité au sein des communautés autochtones, malgré les défis et les adversités auxquels elles ont été confrontées depuis la colonisation.


Que sont les histoires du temps du rêve ?

Le Temps du rêve est imprégné d'une multitude d'histoires, ou « Histoires de rêve ». Ces récits résument les voyages et les actes des êtres ancestraux et servent de moyen traditionnel de transmettre des codes moraux, des techniques de survie et des connaissances environnementales. Cette section présente les couches complexes des histoires du Temps du rêve, en explorant leurs structures narratives, leurs thèmes et leur importance dans la préservation et la transmission des connaissances et de la sagesse autochtones.

Les histoires du Temps du Rêve font partie intégrante de la tradition orale aborigène. Transmises d'une génération à l'autre, ces récits donnent vie aux complexités interconnectées du Temps du Rêve, décrivant les exploits des êtres ancestraux, la genèse du monde naturel et l'émergence des sociétés humaines. Ces histoires sont multiformes et comportent plusieurs niveaux de signification allant de simples fables morales à des discours philosophiques sophistiqués.

Les récits du Temps du rêve sont, à la base, les dépositaires vivants de la sagesse et du savoir aborigène. Ils renferment des informations essentielles à la survie, telles que l’emplacement des sources d’eau, les habitudes des animaux et la disponibilité saisonnière de la nourriture. Ils offrent également une sagesse pratique sur l’interaction sociale, la résolution des conflits et la conduite morale.

Les récits du Temps du rêve ont également une profonde résonance spirituelle, exprimant le lien intime entre les peuples autochtones et leur environnement. Bon nombre de ces récits sont géographiquement spécifiques, liés à des paysages, des points de repère et des caractéristiques écologiques particuliers. Ils illustrent la perception autochtone de la terre comme une entité spirituelle, imprégnée de l’essence des êtres ancestraux et confiée à leurs soins.

Les récits du Temps du Rêve jouent donc un rôle essentiel dans la préservation et la transmission de la culture et du savoir aborigènes. Ils fonctionnent comme des outils pédagogiques, instruisant les jeunes générations sur l’histoire culturelle, les pratiques traditionnelles, les normes sociales et les croyances spirituelles de leur peuple. En perpétuant ces récits, les sociétés aborigènes assurent la continuité de leur patrimoine culturel, préservant ainsi la vitalité spirituelle du Temps du Rêve.


La genèse de l’art aborigène

L'expression artistique des sociétés aborigènes remonte à des millénaires, et d'anciens sites d'art rupestre témoignent des prouesses artistiques des aborigènes d'Australie. Cette section retrace le parcours historique de l'art aborigène, de ses débuts anciens à ses manifestations contemporaines, mettant en évidence son évolution, sa diversité et son importance culturelle durable.

L'art aborigène, sous ses diverses formes, fait partie intégrante des pratiques culturelles des peuples autochtones depuis des milliers d'années. On trouve des traces de cet héritage artistique gravées sur les murs des abris sous roche, sculptées dans les arbres, gravées sur des objets cérémoniels et peintes sur le corps lors de rituels traditionnels. Ces pratiques artistiques anciennes reflètent le lien spirituel profond des premiers aborigènes d'Australie avec le Temps du Rêve et leur besoin d'exprimer ce lien par des moyens visuels.

L’une des formes les plus puissantes de l’art traditionnel aborigène est la peinture rupestre, une pratique qui remonterait à plus de 30 000 ans. Des sites tels que le parc national de Kakadu dans le Territoire du Nord et la région de Kimberley en Australie occidentale regorgent de galeries d’art rupestre présentant un riche éventail d’images, notamment des figures humaines, des animaux, des êtres mythiques et des symboles abstraits. Ces toiles anciennes sont des archives culturelles, préservant les croyances spirituelles, les structures sociétales et les connaissances environnementales du peuple aborigène.

L'art traditionnel aborigène comprend également d'autres formes d'art telles que la peinture sur écorce, la peinture corporelle, la sculpture sur bois et le tissage. Chacune de ces pratiques fait appel à des techniques, des matériaux et des symboles distinctifs, reflétant la riche diversité des sociétés aborigènes. Si certaines de ces formes d'art sont utilitaires, d'autres servent à des fins culturelles spécifiques, allant des fonctions cérémonielles et spirituelles à la narration et à la transmission des connaissances.

À la fin du XXe siècle, l’art aborigène a connu une transformation importante avec l’avènement du mouvement d’art aborigène contemporain. Les artistes aborigènes ont commencé à utiliser des matériaux et des techniques modernes, traduisant leurs récits ancestraux et leur iconographie spirituelle sur toile. Cette renaissance artistique a conduit à la reconnaissance mondiale de l’art aborigène, mettant en valeur le dynamisme et la résilience de la culture aborigène dans le monde contemporain. Aujourd’hui, l’art aborigène continue d’évoluer, mais il reste fermement ancré dans le Temps du Rêve, reflétant le lien intemporel et continu des Australiens aborigènes avec leur héritage ancestral.

Pour en savoir plus sur l'histoire de l'art aborigène et des symboles de l'art aborigène, veuillez lire :

  1. L'art aborigène d'Australie : comprendre son histoire
  2. Symboles de l'art aborigène

L'art du temps du rêve

L’art aborigène, profondément ancré dans le Temps du rêve, se manifeste comme une expression puissante de la cosmologie aborigène, des normes sociétales et des récits ancestraux. Chaque œuvre, quel que soit son support ou sa période, témoigne du Temps du rêve, encapsulant sa relation complexe avec le passé, le présent et l’avenir, tels qu’ils sont perçus dans la vision du monde des peuples aborigènes.

Chaque expression artistique issue des sociétés autochtones communique le lien perpétuel entre le peuple, sa terre, son héritage ancestral et sa profonde spiritualité. Ce lien ininterrompu, préservé et exprimé au fil des millénaires, résonne au cœur de chaque œuvre, ajoutant des couches de profondeur et de signification qui transcendent une expérience purement visuelle ou esthétique.

Comprendre l’art aborigène, c’est donc se lancer dans un voyage éclairant au cœur d’un paysage culturel riche et complexe – un voyage qui nous mène au cœur même du Temps du Rêve. Ce voyage va au-delà d’une observation passive des formes et des modèles artistiques. Il exige un engagement actif envers la philosophie et la sagesse qu’ils incarnent. En naviguant dans les complexités de ces expressions artistiques, nous commençons à déchiffrer les significations cachées à l’intérieur, éclairant notre compréhension d’une culture ancienne et de sa conceptualisation sophistiquée de la réalité.

En outre, l’exploration de l’art aborigène ouvre des dialogues sur la préservation et le respect de la culture. Au fur et à mesure que les récits artistiques se dévoilent, ils révèlent le lien sacré des peuples aborigènes avec le monde naturel, leurs responsabilités communautaires et leur sagesse spirituelle, profondément ancrés dans leurs structures sociétales et leur vie quotidienne. Ces réflexions soulignent l’importance de reconnaître, de préserver et de respecter ces riches traditions, en particulier face à la mondialisation et à l’assimilation culturelle croissantes.


Les implications profondes de l'art du temps du rêve

L’ampleur de l’art du Temps du rêve imprègne de nombreuses facettes de la culture et de la société aborigènes, agissant comme un témoignage indélébile de la vitalité du patrimoine autochtone. En tant que véhicule de continuité culturelle, l’art du Temps du rêve joue un rôle crucial dans la préservation de la riche mosaïque du patrimoine aborigène. Les artistes autochtones transposent les récits nuancés, les coutumes et les connaissances métaphysiques du Rêve sur la toile, assurant une manifestation tangible et durable du patrimoine ancestral. Ce faisant, le parcours artistique sert de canal à la propagation de l’identité culturelle et des connaissances, transmises de génération en génération.

L’art du Temps du rêve apparaît comme un puissant instrument de défense et de consolidation de l’identité culturelle aborigène. Les subtilités des récits, des symboles et de l’iconographie du Temps du rêve trouvent une voix résonnante dans l’art, faisant écho à l’héritage distinctif des communautés autochtones. L’art devient ainsi un emblème de fierté culturelle, de résilience et de continuité, renforçant le sentiment d’identité communautaire et offrant un contre-récit aux impacts de la colonisation et de l’assimilation culturelle.

En incarnant le lien profond qui unit les peuples autochtones à leur terre, l’art du Temps du rêve contribue à nourrir cette relation symbiotique. Les récits ancestraux sont fréquemment intégrés à des paysages, des sites naturels et des sites sacrés particuliers. Les artistes saisissent dans leurs œuvres cette interdépendance complexe entre la terre, les êtres ancestraux et l’existence humaine. L’art devient ainsi une réaffirmation artistique du lien spirituel et culturel que les peuples autochtones partagent avec leurs terres ancestrales.

L’art du Temps du rêve sert de toile de fond à l’émancipation, permettant aux artistes aborigènes de se réapproprier, d’affirmer et de partager leurs récits et perspectives culturelles. En exprimant leurs histoires à travers leur art, les artistes remettent en question les stéréotypes, déconstruisent les barrières et affirment leur autonomie dans leur représentation culturelle. De plus, le pouvoir évocateur de l’art du Temps du rêve a le potentiel de susciter l’empathie et le respect chez les publics non autochtones. Cette fenêtre sur le riche univers spirituel et culturel des peuples aborigènes favorise un dialogue de compréhension, facilitant ainsi la voie vers la réconciliation.

Les implications économiques et sociétales de l’art du Temps du rêve ont catalysé le développement des communautés aborigènes. La reconnaissance et l’appréciation croissantes de l’art aborigène, au niveau national et international, ont ouvert de nouvelles perspectives économiques aux artistes et à leurs communautés. Les recettes des ventes d’œuvres d’art, des expositions et des initiatives de tourisme culturel génèrent des flux de revenus durables et des possibilités d’emploi. Parallèlement, ces activités suscitent la fierté culturelle, rajeunissent les pratiques traditionnelles et renforcent la cohésion sociale.

L’art du Temps du rêve est, à bien des égards, un diplomate culturel qui établit un lien entre les cultures autochtones et non autochtones. Les récits visuels des histoires du Temps du rêve offrent au public non autochtone une exploration immersive des dimensions spirituelles, historiques et culturelles de la culture autochtone. Ce processus encourage le dialogue, remet en question les idées reçues et favorise un environnement de collaboration interculturelle, favorisant ainsi une société plus inclusive et plus diversifiée.

Les multiples implications de l’art du Temps du Rêve transcendent les frontières culturelles, sociales et économiques, devenant une pierre angulaire des communautés aborigènes et de la société au sens large. En tant qu’outil de préservation dynamique, défenseur de la culture, nourricier de liens, plateforme d’autonomisation et bâtisseur de ponts, les rôles de l’art du Temps du Rêve sont à la fois multiples et profonds. À travers leurs créations artistiques, les artistes aborigènes persistent à façonner le récit du Rêve, assurant ainsi son héritage durable et ajoutant de la profondeur au paysage artistique mondial. En nous immergeant dans l’art du Temps du Rêve, nous sommes invités à apprécier la richesse, la beauté et la résonance spirituelle de la culture aborigène, offrant un rappel humble de la vitalité intemporelle du Rêve.


L'héritage vivant du Temps du Rêve

L’art aborigène, qui reflète les nuances profondes du Temps du Rêve et partage les histoires du Temps du Rêve, constitue un témoignage vivant de son importance intemporelle et de sa philosophie spirituelle. Cette tradition artistique, profondément enracinée dans la sagesse ancienne mais en constante évolution avec le temps, incarne une culture qui nous invite à regarder au-delà de nos propres perspectives culturelles et à apprécier la richesse et la diversité de la compréhension humaine.

Le dynamisme de l’art aborigène résonne dans ses diverses formes et expressions, chacune révélant la profondeur du Temps du Rêve et la richesse de la culture aborigène. Qu’il s’agisse d’art rupestre primordial, gravé dans le temps et l’espace, ou de toiles contemporaines vibrantes et évocatrices qui reflètent les dynamiques sociétales changeantes, chaque œuvre est une manifestation culturelle du Temps du Rêve, un récit entrelacé du passé, du présent et du futur, tel que compris dans la vision du monde aborigène.

Chaque création artistique des communautés aborigènes témoigne d’un lien durable entre les peuples et leur terre, leur lignée et leur profonde spiritualité. Ce lien ininterrompu, préservé et exprimé depuis des milliers d’années, imprègne chaque œuvre d’art, ajoutant des couches de profondeur et de signification qui vont au-delà de l’expérience visuelle ou esthétique. Comprendre l’art aborigène devient ainsi un voyage dans un riche paysage culturel, un voyage au cœur du Temps du Rêve. Ce voyage implique non seulement l’observation, mais aussi un engagement actif envers la philosophie et la sagesse qu’ils incarnent, éclairant notre compréhension d’une culture ancienne et de sa conceptualisation sophistiquée de la réalité.

En outre, l’exploration de l’art aborigène ouvre des discussions essentielles sur la préservation et le respect de la culture. Les récits artistiques révèlent le lien sacré des peuples aborigènes avec le monde naturel, leurs responsabilités communautaires et leur sagesse spirituelle profondément ancrée dans leurs structures sociétales et leur vie quotidienne. Ces connaissances soulignent la nécessité de reconnaître, de préserver et de respecter ces riches traditions, en particulier dans un monde globalisé marqué par une homogénéisation culturelle croissante.

Pour conclure cette section, l’art aborigène constitue un témoignage vibrant de la pertinence intemporelle du Temps du Rêve et de sa philosophie spirituelle. En nous plongeant dans les expressions artistiques complexes, nous n’apprécions pas seulement l’art, mais nous nous engageons dans un profond héritage spirituel et culturel qui a beaucoup à nous apprendre sur notre parcours humain commun. Que ce soit par la préservation de l’identité culturelle, l’affirmation d’un lien profond avec la terre ou l’affirmation de récits culturels, l’art aborigène offre un rappel humble de la vitalité intemporelle du Temps du Rêve et du pouvoir durable de la créativité humaine.


Récits du Temps du Rêve

Le Temps du Rêve recèle d'innombrables histoires qui expliquent les origines de la terre, de ses habitants et des liens qui les unissent. Nous allons ici examiner de plus près quelques récits marquants.


L'histoire du temps du rêve du serpent arc-en-ciel

Ancré dans les croyances culturelles et les mythologies des groupes aborigènes australiens, ce récit ancien tisse ensemble les forces de la création, de la nature et de la sagesse spirituelle. Les artistes aborigènes ont joué un rôle crucial dans la capture de l'essence du serpent arc-en-ciel à travers leurs œuvres d'art.

Au cœur de l'histoire du Temps du Rêve du Serpent Arc-en-ciel se trouve la figure centrale : le Serpent Arc-en-ciel. Souvent représenté comme un serpent colossal et vibrant, cette puissante entité incarne la force vitale créatrice qui a façonné le monde. Dans le Temps du Rêve, le Serpent Arc-en-ciel parcourait le pays, son corps immense creusait des rivières, créait des points d'eau, façonnait des paysages et insufflait la vie aux plantes, aux animaux et aux humains, préparant ainsi le terrain pour le réseau complexe de l'existence.


Deux peintures aborigènes représentant le serpent arc-en-ciel

L : Wanampi Tjukurpa - Histoire mythique de la création du serpent arc-en-ciel, 2009, Tiger Palpatja
R : Garimala (Les Deux Serpents) 1988, Ginger Riley Munduwalawala


L'histoire du Serpent arc-en-ciel revêt une profonde signification spirituelle pour de nombreux peuples aborigènes, en particulier ceux qui habitent les régions désertiques. Considérée comme habitant les points d'eau et traversant le royaume souterrain ou au milieu des nuages ​​d'orage, cette entité énigmatique exerce une influence sur les précipitations, déterminant le sort des communautés en accordant ou en retenant des précipitations vitales. Ainsi, le Serpent arc-en-ciel est devenu un emblème de fertilité, d'abondance et d'interdépendance de tous les êtres vivants.

Le serpent arc-en-ciel est doté d'une puissance extraordinaire, capable de provoquer des tempêtes violentes, des coups de vent violents et des pluies torrentielles. Ceux qui ne l'approchent pas avec déférence s'exposent à une rétribution rapide. En tant que gardien de l'eau, il exerce son pouvoir sur la vie et la mort dans les étendues arides du désert. Dans la Terre d'Arnhem, nichée dans le Territoire du Nord, le serpent arc-en-ciel incarne la prospérité et la fécondité, à la fois dans le monde naturel et dans la société humaine. Il possède l'autorité de conférer des esprits de conception aux points d'eau, tout en exigeant justice envers les transgresseurs de coutumes et de lois ancestrales.

Pour les peuples autochtones, s'approcher d'un point d'eau est un acte de profonde vénération. Au-delà de son rôle dans le façonnement du monde physique, le serpent arc-en-ciel est vénéré comme un gardien spirituel. Les communautés autochtones ont un profond respect pour cet être ancestral, reconnaissant sa présence durable sur le territoire. Les peuples autochtones croient que l'esprit du serpent arc-en-ciel continue de guider et de protéger l'environnement naturel et ses habitants. Par le biais de rituels, de cérémonies et du respect des sites sacrés, les peuples autochtones entretiennent une relation harmonieuse avec le serpent arc-en-ciel, honorant ainsi leurs responsabilités de gardiens du territoire.

Connu sous le nom de Ngalyod dans la langue Kuninjku de la Terre d'Arnhem, le serpent arc-en-ciel entretient une relation symbiotique avec les sources d'eau telles que les ruisseaux et les rivières. Son influence s'étend à la floraison de la flore aquatique, notamment des nénuphars vibrants, des vignes entrelacées et des palmiers élégants. La mue symbolise l'essence du renouveau et la capacité de rajeunir le cycle éternel de la vie. Les récits mythologiques du serpent arc-en-ciel dépeignent souvent une créature redoutable qui dévore les humains, pour ensuite les relâcher transformés, ce qui témoigne de ses prouesses régénératrices.

L'histoire du Serpent arc-en-ciel est porteuse d'un profond symbolisme et d'une signification culturelle au sein des communautés aborigènes. Son récit sert d'outil didactique, transmettant des leçons de morale, de sagesse écologique et d'héritage ancestral aux jeunes générations. Il souligne l'importance de maintenir l'équilibre, l'harmonie et le respect du monde naturel, inculquant un profond sentiment d'appartenance et de connexion avec la terre et ses forces spirituelles.


Deux peintures aborigènes représentant le serpent arc-en-ciel

L : Sans titre (Serpent arc-en-ciel), Rover Thomas, vers 1986
R : Ngalyod - le serpent arc-en-ciel, Jimmy Njiminjuma, vers 1985


Le serpent arc-en-ciel revêt une myriade de noms et de formes totémiques dans diverses langues et communautés aborigènes. Intégré dans la tapisserie des récits du Rêve et de la Création, il perpétue sa domination autoritaire sur l'existence humaine. Les sites sacrés associés au serpent arc-en-ciel commandent une révérence et une protection inébranlables de la part des communautés aborigènes. Le respect des protocoles prescrits sur ces sites devient impératif, car les transgressions sont censées provoquer des afflictions, des accidents et des effusions tumultueuses de la nature. Cependant, il existe des sites du serpent arc-en-ciel où les gens sont invités à s'adonner à la chasse, à la pêche et à la natation sans appréhension.

L'attrait de l'histoire du temps du rêve du serpent arc-en-ciel a transcendé la tradition orale et a trouvé son expression dans diverses formes d'art aborigène. Les artistes aborigènes capturent habilement les teintes vibrantes et la forme sinueuse du serpent arc-en-ciel sur des toiles, des peintures sur écorce et de l'art rupestre. Ces représentations évocatrices transmettent non seulement la beauté du récit, mais servent également de moyen de préservation culturelle et de moyen de partager la signification spirituelle du serpent arc-en-ciel avec le reste du monde.

Pour apprécier l’histoire du Serpent arc-en-ciel et les artistes qui l’ont peinte, il est essentiel de l’aborder avec respect, compréhension et sensibilité culturelle. Les communautés autochtones ont préservé ces récits pendant des milliers d’années. En engageant un dialogue constructif, en soutenant les artistes autochtones et en promouvant activement l’appréciation culturelle, nous pouvons contribuer à la préservation et à la célébration de ces traditions inestimables.


L'histoire du Temps du Rêve des Sept Sœurs

Au sein du réseau complexe de nombreux groupes linguistiques aborigènes, l'histoire du Temps du rêve des Sept Sœurs constitue un témoignage fascinant du pouvoir de la fraternité, de la résilience et de la quête d'autonomie. Enraciné dans la sagesse ancienne et orné d'émerveillements célestes, ce récit captivant continue d'inspirer et de résonner avec une signification profonde à travers les générations et est partagé et renforcé par les œuvres d'art aborigènes.


Photographie nocturne montrant la constellation des Sept Sœurs / Pléiades

Pléiades vues à l'œil nu (coin supérieur gauche), Wikipédia


Les Sept Sœurs, un groupe d’étoiles connu sous le nom de Pléiades, ornent le ciel nocturne de leur présence éthérée. Dans la tradition aborigène de nombreux groupes linguistiques, mais pas tous, elles incarnent l’essence de sept jeunes femmes qui se lancent dans une odyssée extraordinaire à travers l’immensité céleste. Leur voyage sert d’incarnation métaphorique de l’autonomisation et de la libération recherchées par les femmes à travers le temps.

Au cœur de l'histoire du Temps du rêve des Sept Sœurs et des peintures aborigènes de ce type se trouve la menace omniprésente d'un personnage malveillant, Nyiru, qui figure dans l'amas d'étoiles de la ceinture d'Orion et dont les désirs le poussent à poursuivre sans relâche les sœurs. Alors qu'elles traversent les cieux, les sœurs se transforment astucieusement en diverses formes terrestres, utilisant leur ingéniosité et leur débrouillardise pour déjouer leur poursuivant.

Leur voyage ne façonne pas seulement le royaume céleste, mais laisse également une marque indélébile sur le paysage physique de l'Australie. Les montagnes, les vallées et les cours d'eau témoignent de leur danse céleste, créant une connexion symbiotique entre les domaines céleste et terrestre. La terre elle-même devient un témoignage vivant de leur résilience et de la puissance durable de leur histoire.

L'histoire du Temps du rêve des Sept Sœurs a une signification spirituelle profonde pour les communautés aborigènes. Elle incarne la force de la fraternité, l'esprit d'indépendance et le courage de défier les forces oppressives. L'histoire résonne avec des thèmes d'autonomisation, inspirant les femmes à embrasser leur propre cheminement vers la découverte de soi, l'autonomie et la libération.

Les artistes des communautés aborigènes représentent les Sept Sœurs de manière complexe dans leurs peintures, transposant la saga céleste sur la toile. À travers des couleurs vives et des motifs complexes, ils capturent l'essence du voyage céleste des sœurs, invitant les spectateurs dans un monde d'émerveillement céleste et d'émancipation féminine.


Deux peintures aborigènes représentant les Sept Sœurs en train de rêver

L : Sept sœurs rêvant, Granites Alma Nungarrayi, 2012
R : Sept sœurs, Tjungkara Ken, 2021


L'attrait universel de l'histoire du Temps du rêve des Sept Sœurs a transcendé les frontières culturelles, captivant les cœurs et les esprits des gens du monde entier. Son message d'autonomisation, de persévérance et de quête de liberté résonne à travers le temps et l'espace, favorisant la compréhension et l'appréciation interculturelles.

En tant que gardiennes de ce récit ancien, les communautés aborigènes préservent et partagent l'histoire du Temps du Rêve des Sept Sœurs avec une profonde révérence. Par le biais de la tradition orale, des arts visuels et des pratiques culturelles, elles veillent à ce que la sagesse et les enseignements tissés dans ce conte enchanteur perdurent, enrichissant la vie des générations présentes et futures.


L'esprit de Wandjina et l'histoire du temps du rêve

Au plus profond de la culture ancestrale des peuples aborigènes de la région de Kimberley se trouve l'énigmatique Wandjina. Ce récit captivant dévoile un royaume de signification spirituelle, de symbolisme riche et de connexions cosmiques profondes qui ont résonné à travers d'innombrables générations. L'histoire du Temps du Rêve de Wandjina (également écrite Wanjina et Wondjina et également connue sous le nom de Gulingi) se déroule comme une fresque sacrée, peinte sur les galeries rocheuses et les grottes de la région de Kimberley en Australie occidentale. C'est une histoire qui parle de l'esprit du Faiseur de Pluie, le Wandjina, dont la présence est profondément associée à la régénération saisonnière de la terre et de toutes les ressources naturelles.


Les orages de Kimberley et le faiseur de pluie Wandjina

L : Orages à Kimberley pendant la saison des pluies
R : Art rupestre de Wandjina, Bigge Island, Kimberley


L'importance de l'histoire du Temps du Rêve de Wandjina transcende les frontières linguistiques, car elle est partagée par plusieurs groupes linguistiques des régions occidentales et côtières du Kimberley, notamment les peuples Ngarinyin, Worrorra et Wunambul. C'est une histoire qui lie ces communautés entre elles, les connectant aux êtres ancestraux qui ont façonné leur terre, transmis des connaissances spirituelles et accordé le don de la pluie.

Ils sont souvent représentés comme de grandes figures d'un autre monde avec des caractéristiques distinctes, telles que des visages ronds, de grands yeux, et ornés de coiffes et de décorations corporelles complexes.


Deux exemples d'art rupestre Wandjina sur la rivière Barnett, Kimberley
Art rupestre de Wandjina, rivière Barnett, Kimberley


L'art des images du temps des rêves Wandjina, marquées en ocre rouge et blanc, fait partie intégrante de cette tradition sacrée. Ces peintures intemporelles ornent les murs des sites rituels importants, préservant l'essence du Wandjina et assurant sa présence continue dans la vie des aborigènes. La repeinture méticuleuse de ces images tous les dix ans témoigne de la profonde vénération et de la relation continue entre les communautés et l'esprit du Faiseur de Pluie.

Le Wandjina est considéré comme l'esprit créateur le plus important de l'histoire du Temps du Rêve de cette région. Son association avec la pluie va au-delà des simples phénomènes météorologiques. Elle représente le rajeunissement cyclique de la terre et de toutes les ressources naturelles. Le pouvoir du Wandjina de produire des pluies vivifiantes est symbolisé par les points complexes qui couvrent leur corps. Ces points sont des représentations de la force vitale qui soutient la terre.

Les images entourant la tête du Wandjina incluent souvent des éléments d'orage, d'éclairs et de pluies torrentielles. Ces puissantes forces de la nature sont incorporées dans des danses cérémonielles qui rendent hommage à l'esprit du Faiseur de Pluie. Des coiffes faisant symboliquement référence à la foudre et au tonnerre font partie de la danse, évoquant l'énergie impressionnante du Wandjina et son lien avec le monde naturel.

Pour la communauté Mowanjum près de Derby dans le Kimberley, le Wandjina n'apporte pas seulement la pluie, mais aussi la loi, la culture et la langue de son peuple. Les histoires oniriques de la communauté Mowanjum racontent que le premier Wandjina, Idjair, résidait dans la Voie lactée et était le père de tous les Wandjinas. Le premier fils d'Idjair, Wandjina Wallungunder, a joué un rôle essentiel dans la création de la Terre et de toute vie sur elle. Il a transmis les lois des Wandjinas au peuple Gyorn Gyorn, les premiers êtres humains. Le voyage de Wandjina Wallungunder pour ramener d'autres Wandjinas symbolise le lien entre les différents groupes linguistiques de Mowanjum, chaque Wandjina représentant un groupe spécifique.

Les peintures rupestres de Wandjina évoquent une époque très ancienne, certaines estimations suggérant qu'elles existent depuis plus de 4 000 ans. Ces images anciennes cohabitent souvent avec des peintures Gwion Gwion (figures de Bradshaw) encore plus anciennes, créant ainsi un récit à plusieurs niveaux de la riche histoire culturelle de la région. Si l'art de Gwion Gwion a résisté à l'épreuve du temps, la nature temporelle des peintures de Wandjina les rend vulnérables au passage du temps et aux facteurs environnementaux. Pour assurer la continuité de la présence de l'esprit du Faiseur de Pluie, les artistes aborigènes contemporains continuent de repeindre les surfaces rocheuses et de représenter également le Wandjina sur toile, permettant à la grande image de transcender ses sites traditionnels et d'inspirer une connexion plus large.


L'anthropologue Kim Ackerman nous donne un aperçu des Wandjina, offrant des descriptions et des interprétations précieuses de leur signification et de leur contexte culturel.


Diagramme de Wandjina Spirit et peinture d'Alec Mingelmanganu à titre de comparaison

L : Diagramme de Wunambal Wanjina basé sur les notes de terrain de Kim Ackerman
R : Alec Mingelmanganu, Wandjina, v. 1980


" L'identification avec les Wanjinas se reflète dans leur inclusion comme motifs majeurs dans l'art contemporain du centre-nord de Kimberley, qui a vu des glissements des peintures exécutées sur les murs des grottes et des surplombs, vers des peintures sur des feuilles d'écorce et finalement sur des matériaux industriels, de l'aggloméré aux plus belles toiles d'artiste. Quelle que soit leur taille réelle, les proportions des bonnes peintures Wanjina projettent un sentiment de grandeur cyclopéenne - une rugosité massive et menaçante d'où les grands yeux pénétrants regardent le spectateur avec curiosité.

Les êtres Wanjina sont généralement représentés comme des figures anthropomorphes, parfois en pied, mais aussi souvent en buste, avec seulement la tête et les épaules représentées. La tête est souvent entourée d'une ou plusieurs coiffes en forme de halo ou de « plumes » rayonnantes. La bouche n'est pas représentée, bien qu'au moins un artiste, Charlie Numbulmoore, ait commencé à inclure la bouche et les dents dans les peintures Wanjina qu'il a réalisées vers la fin de sa vie. Il y a souvent une marque ovale ou sous-ovale dans la région centrale de la poitrine. Lorsque le corps entier est représenté, les Wanjinas sont souvent représentés avec une ceinture de cheveux autour du ventre, et les principales articulations ainsi que les doigts et les orteils sont indiqués. Le sexe n'est pas toujours évident, bien que les femmes Wanjinas puissent être représentées avec des seins. On pense que les Wanjinas sont responsables du maintien du cycle saisonnier, en particulier de la saison des pluies qui revigore la terre après les conditions de sécheresse de l'hiver sec et du début de l'été. Les Wanjinas sont intimement associés aux serpents arc-en-ciel d'Ungurr. Les chefs de clan stimulent et encouragent les Wanjinas à remplir leur rôle d'agents de fertilité et de croissance en repeignant leurs images situées dans les abris des grottes.

Dans les profondeurs de l’histoire du Temps du Rêve de Wandjina, nous sommes confrontés au pouvoir durable de l’esprit du Faiseur de Pluie et à sa profonde signification pour les communautés aborigènes du Kimberley. Ce récit ancien nous invite à apprécier l’équilibre délicat entre l’humanité et le monde naturel, en reconnaissant les forces impressionnantes qui soutiennent la vie et incarnent la sagesse du Temps du Rêve. L’histoire du Temps du Rêve de Wandjina témoigne du profond héritage culturel de la région de Kimberley, agissant comme un pont vers une compréhension plus profonde de notre expérience humaine commune et de l’interdépendance de tous les êtres vivants. Elle nous met au défi d’explorer les profondeurs de nos propres connexions spirituelles et d’embrasser les mystères impressionnants qui se trouvent au-delà du monde tangible.


Rêves d'eau et histoires de rêve

L'eau revêt une importance capitale dans l'art et la spiritualité des communautés aborigènes d'Australie. Elle est présente dans une multitude d'histoires du Temps du Rêve, de pratiques culturelles et d'expressions artistiques qui tournent autour de l'élément vital de l'eau.


TOILE DE NGURRARA, 1996

Toile Ngurrara (10x8 mètres), créée par les propriétaires traditionnels du Grand Désert de Sable, en mai 1997. Cette incroyable peinture a été utilisée pour montrer le lien des artistes avec leur pays lors de leur revendication du titre autochtone et souligne l'importance des sites aquatiques pour les demandeurs dans cette vaste zone, bien que ne représentant qu'une petite partie du continent australien.


Des régions côtières aux déserts arides d’Australie, les histoires de rêve et de temps du rêve sur l’eau reflètent le lien profond entre les peuples aborigènes et leur environnement, soulignant l’importance de l’eau en tant que besoin physique et entité spirituelle.

Comme vous pouvez l'imaginer, les sources d'eau telles que les trous dans les rochers, les sources, les rivières et les billabongs sont considérées comme des éléments essentiels du savoir traditionnel et de la vie rituelle. Ces points d'eau sont soigneusement entretenus pour garantir leur qualité et leur accessibilité, car ils constituent des moyens de subsistance essentiels dans les régions arides.

La diversité géologique des régions désertiques d'Australie contribue aux caractéristiques variées des points d'eau et des sources. Certains sont permanents, souvent appelés « eaux vives », et retiennent l'eau toute l'année en raison de la présence de sources d'eau souterraines fiables. D'autres peuvent être éphémères, appelés « trous de roche » ou « cuvettes » par certains peuples aborigènes, et ne se remplissent que pendant les périodes de pluie et s'assèchent pendant les saisons plus sèches. La taille et la profondeur des points d'eau et des sources peuvent également varier, allant de bassins peu profonds à des réservoirs profonds.

Ces sources d’eau, façonnées par des millions d’années de processus géologiques, sont vitales pour la survie des plantes, des animaux et des communautés aborigènes dans les environnements désertiques d’Australie.


Une photo du point d'eau de Kurtal et une peinture de celui-ci par l'artiste aborigène Tommy May

Kurtal par Ngarralja Tommy May avec une photographie du site du Grand Désert de Sable en médaillon.


Le point d'eau de Kurtal est décrit comme l'un des points d'eau sacrés les plus importants du Grand Désert de Sable. Ngarralja Tommy May est l'un des gardiens de Kurtal, et à propos du faiseur de pluie, il dit : « Kurtal est le Kalpurtu (serpent arc-en-ciel) qui apporte la pluie. Il est extrêmement puissant, tout le monde ne peut pas lui parler. Il y a une importante Junba (cérémonie) qui se déroule en son honneur. Il sortira, puis il apportera la tempête et il pleuvra ».


Kurtal de Spider Snell avec une image de Spider Snell dansant Kurtal également

Kurtal, Spider Snell. Encart, Spider Snell danse Kurtal sur son lieu de travail dans le cadre du grand spectacle Ngurrara Canvas ci-dessus.

Danseurs de Kurtal et deux peintures de Kurtal par Jarinyanu David Downs

Danseurs de Kurtal en spectacle. Œuvres : Kurtal avec un nuage rose, 1992 et Danse de Kurtal, 1988, toutes deux de David Jarinyanu Downs



Pour les communautés aborigènes, les points d'eau revêtent une grande importance culturelle et spirituelle. Des cérémonies sont souvent organisées sur ces sites pour commémorer leur création et maintenir un lien avec leurs racines ancestrales. Les lieux de naissance des individus sont souvent situés à proximité des points d'eau, ce qui souligne encore davantage l'importance de l'eau dans leur vie. Des cérémonies saisonnières sont organisées pour invoquer les pluies qui entraînent la régénération des plantes et fournissent de la nourriture aux animaux et aux humains.


Pluie à Kurtal par l'artiste aborigène Tommy May avec une image d'une tempête de pluie comme référence

Il pleut sur Kurtal, Ngarralja Tommy May, 2016 et une tempête de pluie à Kimberley.


Kurtal est le Jila (source vivante), Kurtal est le Kalpurtu (serpent arc-en-ciel) qui fait la pluie, Kurtal est les ancêtres. Cette œuvre est Kurtal qui s'élève et fait pleuvoir. - Ngarralja Tommy May

Les sites de rêve d'eau sont étroitement liés à la terre et à ses sources d'eau, telles que les rivières, les ruisseaux, les billabongs, les bassins de trempage et les sources. Ces plans d'eau constituent des ressources cruciales, soutenant à la fois le bien-être physique et spirituel des gens et de la terre elle-même. Les histoires du Temps du Rêve associées au rêve d'eau racontent souvent la création de ces sources d'eau, leur importance dans l'ordre naturel et les êtres ancestraux responsables de leur formation.


Gorges de Windjana, Kimberley

Le parc national de Bandilngan (gorges de Windjana) fait partie d'un système de récifs du Dévonien vieux de 375 millions d'années. Sculpté par la rivière Lennard, Bandilngan s'étend sur plus de trois kilomètres de long et ses parois atteignent 300 mètres de haut.


Un exemple qui souligne l'importance du rêve de l'eau dans la région du désert central est celui du peuple Warlpiri d'Australie centrale. Le peuple Warlpiri a un lien profond avec le pays associé à son « ngapa Jukurrpa » (rêve de l'eau), y compris le site de Mikanji, un cours d'eau à l'ouest de Yuendumu. Bien qu'il soit généralement sec, Mikanji contient des « mulju » (eaux de trempage) essentiels dans son lit.

Dans le récit du Rêve sur l'eau Warlpiri, une histoire décrit le voyage du Rêve sur l'eau de Puyurru, situé au nord-ouest de Yuendumu, jusqu'à un point d'eau dans le ruisseau Mikanji. Au cours de ce voyage, une terrible tempête se déchaîne, apportant des pluies vivifiantes sur le pays. L'histoire met en scène deux vieilles femmes aveugles Nampijinpa assises près des points d'eau. Alors qu'elles s'efforcent de voir le ciel, les larmes leur montent aux yeux et leurs émotions se manifestent sous forme de pluie. Les esprits de ces femmes peuvent encore être observés à Mikanji sous la forme de deux « ngapiri » ou gommiers rouges de rivière poussant près du point d'eau.

Ce rêve sur l'eau des Warlpiri s'entremêle également avec d'autres récits de rêve. Dans l'un d'eux, la tempête créée par le rêve sur l'eau à Mikanji est captée par un « kirrkarlanji » ou faucon brun. Le faucon porte la tempête sur ses ailes, et finit par la laisser tomber à Pirlinyarnu (mont Farewell), où elle forme un important « maluri » ou cuvette d'argile. Cette cuvette d'argile contient un « mulju » ou trempage, qui maintient la vie dans la région.

Les histoires de rêve sur l'eau varient selon les groupes linguistiques, les communautés et les régions géographiques aborigènes. Chaque histoire comporte des éléments uniques propres à la terre, aux sources d'eau et aux êtres ancestraux de cette région particulière. Les traces de rêve associées au rêve sur l'eau peuvent parcourir de vastes distances, reliant divers lieux et créant une profonde connexion spirituelle entre différentes communautés et à travers les langues.

Dans les régions côtières, le rêve aquatique est souvent lié à l’océan, aux marées et à la vie marine. Par exemple, les Yolngu de la Terre d’Arnhem ont des histoires du Temps du rêve qui expliquent la création des environnements d’eau salée et d’eau douce et les interactions entre les êtres ancestraux et les créatures marines. Ces histoires mettent l’accent sur l’interaction entre la terre et la mer, soulignant la nature cyclique de l’eau et son importance dans le maintien de tous les aspects de la vie.


Un aborigène pratiquant la chasse sous-marine dans la terre d'Arnhem

Un homme Yolngu pêchant au harpon dans la Terre d'Arnhem


Dans les régions arides, le rêve de l'eau est étroitement lié au concept d'« eau vive » ou « Jila ». Le peuple Martu du désert occidental, par exemple, a des histoires du Temps du rêve associées à la création de points d'eau et aux déplacements d'êtres ancestraux à travers le vaste paysage désertique. Ces histoires renforcent le lien spirituel entre le peuple Martu, la terre et les sources d'eau vitales disséminées dans l'environnement hostile du désert.


Peinture de Martumili représentant la route des conserves intitulée Notre pays

Notre pays (5x3m), œuvre collaborative de 10 artistes Martu, 2011. Cette œuvre représente la Canning Stock Route et les puits qui la longent et illustre la connaissance intime des artistes de leur pays, l'importance du feu pour gérer le comté, les vastes collines de sable et les sources d'eau souterraines, et Martu Jukurrpa (Rêver).


Le rêve aquatique ne se limite pas à des histoires particulières, mais englobe également des pratiques culturelles plus vastes. L'eau est considérée comme un élément sacré, et les cérémonies et rituels associés au rêve aquatique jouent un rôle important dans la culture de nombreux peuples autochtones. Ces cérémonies impliquent souvent le chant de chansons, l'exécution de danses et la création d'œuvres d'art complexes qui représentent les histoires du rêve et les êtres ancestraux associés à l'eau.

Dans les peintures Warlpiri contemporaines, l'iconographie traditionnelle est utilisée pour représenter le « Jukurrpa » (rêve), les sites associés et d'autres éléments. Dans de nombreuses peintures de ce rêve, de courts tirets sont souvent utilisés pour représenter les « mangkurdu » (cumulus et stratocumulus), symbolisant la présence d'eau et de pluie. Des lignes plus longues et fluides représentent les « ngawarra » ou eaux de crue, illustrant le pouvoir transformateur de l'eau. Les cercles concentriques représentent souvent des sites spécifiques ou des sources d'eau, tandis que les petits cercles sont souvent utilisés pour représenter les « mulju » ou les bassins de trempage et les lits de rivière, soulignant leur importance en tant que sources d'eau vivifiantes.


Exemple de symbole aborigène de l'eau courante utilisé dans la peinture aborigène

Exemple de symbole aborigène trempé dans l'eau utilisé dans une œuvre d'art aborigène



La représentation du rêve aquatique dans l’art aborigène a plusieurs objectifs. Elle sert de langage visuel, transmettant les histoires ancestrales, les connaissances culturelles et la signification spirituelle du rêve aquatique. Elle joue également un rôle dans la préservation du patrimoine culturel, en transmettant les connaissances traditionnelles d’une génération à l’autre. De plus, la création et le partage d’œuvres d’art liées au rêve aquatique renforcent le lien entre les peuples aborigènes et leurs terres ancestrales, favorisant un sentiment d’appartenance et d’identité culturelle. De même, l’art aborigène sert de moyen pour les peuples aborigènes de partager et de célébrer leur culture avec le monde extérieur, favorisant la compréhension et l’appréciation, et offrant des possibilités d’indépendance économique.



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