L'art de la fabrication de colliers est une pierre angulaire du patrimoine culturel des femmes aborigènes de Tasmanie.
Cette tradition, qui a persisté sans interruption depuis avant la colonisation européenne en 1803, témoigne de la nature durable de la culture aborigène de Tasmanie. Malgré les bouleversements importants provoqués par la colonisation, la pratique de la confection de colliers a continué à prospérer et à évoluer.
TL Aunty Dulcie GReeno - Musée national d'Australie BL et R Aunty Lola Greeno - Australian Muesum
L'une des particularités les plus distinctives de ces colliers est l'utilisation de coquillages maireener (Phasianotrochus irisodontes), connus pour leurs couleurs irisées allant du vert nacré au bleu-vert. Ces coquilles, ainsi que d'autres types comme les coquilles de riz et les coquilles de dents de chat, sont soigneusement collectées et transformées en de magnifiques ornements. Le maireener, communément appelé coquille de varech arc-en-ciel, était à l'origine la seule coquille utilisée dans cette tradition de fabrication de colliers.
La fabrication de colliers est profondément ancrée dans le partage de connaissances et de compétences transmises de génération en génération, notamment celles des îles Furneaux, au large de la côte nord-est de la Tasmanie. Il s'agit d'une pratique culturelle vitale, offrant aux femmes de tous âges l'occasion de se rassembler, d'échanger des histoires, de transmettre leur sagesse aux jeunes générations et de réaffirmer leur identité culturelle.
La tradition de la fabrication de colliers a fait l'objet de recherches et de collections dans de nombreux pays depuis la colonisation. Les explorateurs français des années 1700 ont été parmi les premiers à collecter ces objets culturels dans le cadre d'un échange culturel. Aujourd'hui, les colliers de Tasmanie font partie de collections à travers l'Australie et l'Europe, avec des exemples notables aux musées d'Oxford et du British Museum.
La fabrication de colliers de coquillages est la pratique culturelle la plus ancienne en Tasmanie, des preuves archéologiques indiquant que cette tradition date d'environ 2 600 ans. La connaissance des zones de collecte de coquillages et la compréhension des niveaux de la mer et des marées pour la collecte de coquillages font partie intégrante de cette tradition. Les femmes autochtones vivant sur les îles Furneaux fabriquaient des colliers de coquillages pour subvenir aux besoins de leurs familles, les échangeant contre de la nourriture et des vêtements, ce qui donna lieu à d'importantes collections telles que la collection Bowman détenue par le musée Furneaux sur l'île Flinders.
La tradition a été confrontée à des défis ces dernières années en raison du réchauffement climatique, qui a affecté la croissance du varech et des algues autour des îles, contribuant à l'érosion des fonds marins et à une diminution des coquilles disponibles pour la récolte. Malgré ces défis, les femmes aborigènes de Tasmanie continuent de maintenir et de transmettre la pratique culturelle de la fabrication de colliers, promouvant ainsi la garde et assurant la continuité de cette tradition importante pour les générations futures.